mercredi 2 janvier 2008

Pour renouer, les deux Corées croient au rail dur comme fer
Commerce. Une nouvelle liaison ferroviaire relance les échanges entre les deux pays.
«Je suis fier et heureux d’avoir été posté ici.» L’enthousiasme de ce jeune policier de l’armée sud-coréenne, 19 ans à peine, posté à l’entrée de la gare ultramoderne de Dorasan, au pied du Mont Dora, est symptomatique du nouvel état d’esprit, de part et d’autre des 238 kilomètres de la ligne de démarcation entre les deux Corées. Séoul (au sud) et Pyongyang (au nord) viennent tout juste de relancer leurs échanges commerciaux via la «route de Kaesong», du nom de cette ville nord-coréenne, autrefois capitale de la Corée unifiée. Une route dorénavant ferroviaire.
Le 11 décembre, pour la première fois depuis cinquante-six ans, un train de marchandises de 12 wagons tirés par une motrice diesel a quitté la gare de Dorasan et franchi, à 8 h 30, la ligne de démarcation. Le train a ensuite roulé en territoire nord-coréen avant de s’immobiliser à Panmunjam.
Chaussures de sport. Cette liaison ferroviaire avait été décidée le 4 octobre dernier à Pyongyang, à l’issue du second sommet intercoréen. Dix milliards d’euros de projets économiques avaient alors été conclus entre Séoul et Pyongyang.«C’est un rêve qui devient réalité, assurait, ce 11 décembre, le conducteur du train, Shin Jang-chul. Je suis heureux de conduire ce train vers la Corée du Nord où mes parents sont nés. J’espère qu’il ne sera pas réservé au fret, et qu’un jour, les touristes pourront monter à bord.»
La nouvelle liaison ferroviaire rouvre en fait une ancienne ligne locale, entre Bongdong, en Corée du Nord, et Munsan, en Corée du Sud, abandonnée le 12 juin 1951 en pleine guerre de Corée (1950-1953.)
Depuis trois semaines, le «train de la réconciliation» comme des Sud-coréens l’appellent déjà, semble avoir pris un bon départ. Chaque matin, à 9 heures, il quitte Dorasan pour Panmum, tout près de la «zone économique spéciale» de Kaesong (première enclave de type capitaliste en Corée du Nord.) Soit une quinzaine de kilomètres de rails. Il ne rejoint pas encore Bongdong, où un terminal de fret est en construction. Dans le meilleur des cas - certains jours, ses wagons sont quasi vides -, le train livre le matin des équipements lourds, des matériaux de construction et des composants au Nord. Et ramène dans l’après-midi, au Sud, des tonnes de vêtements, de chaussures de sport, de montres ou d’ustensiles de cuisine fabriqués dans les usines nord-coréennes de Kaesong, à capitaux sudistes.
Si, pour l’heure, le train tient davantage du symbole que du grand dessein ferroviaire et industriel, Korea Railroad Corporation (Korail), le consortium qui le gère, espère bien qu’il transportera 1 million de tonnes de marchandises en 2008.
Durcissement. Preuve du dynamisme naissant autour de la gare de Dorasan, inaugurée par George W. Bush le 20 février 2002, des chantiers cerclés de grues et d’engins excavateurs sont visibles un peu partout. Et les touristes affluent. Car des trains rapides relient désormais Dorasan à Séoul quatre fois par jour. «Quand le président américain a inauguré Dorasan, il y a cinq ans, un gros contrat avait été signé pour développer la gare et la ligne de chemin de fer. Depuis, les investissements dans cette zone tendent à renforcer les échanges économiques entre les deux Corées» , explique Ko Gyoung-bin, un directeur général du ministère de la Réunification.
Mais «le train de la paix» pourrait aussi, et plus vite que prévu, faire les frais d’un durcissement souhaité par le nouveau président sud-coréen, Lee Myun-bak. Le 19 décembre, à peine élu, ce dernier a prévenu qu’il allait durcir le ton avec Pyongyang et lier la coopération économique à la question nucléaire et à celle des droits de l’homme. Prendra-t-il le risque de faire dérailler l’espoir suscité par la nouvelle ligne de fret ? Les échanges commerciaux entre les deux Corées connaissent en effet un certain boom. Ils s’élèveront à 850 millions d’euros en 2007. Quatre fois plus qu’il y a cinq ans. MICHEL TEMMAN LIBERATION QUOTIDIEN : mercredi 2 janvier 2008

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