jeudi 15 novembre 2007

TECHNOLOGIE AU QUOTIDIEN

A Séoul, la télé mobile court les rues
LE MONDE 09.11.07 Séoul Envoyé spécial
Jeunes collégiennes rieuses en uniforme - socquettes, chemise blanche et jupe à carreaux - ou vieil homme mal fagoté calé sur son tabouret dans les couloirs souterrains du métro, à Séoul tous ont un portable à la main. Et les plus high-tech ne sont pas forcément ceux auxquels on pense. Car même si les prix des téléphones sont très en dessous de ceux pratiqués en Europe, pour les étudiants, l'accès à un smartphone-récepteur TV est encore trop onéreux. Ils se contentent donc des fonctions SMS, jeux et MP3. Par contre, les plus aisés disposent de portables de dernière génération, avec écran large et tuner T/S-DMB permettant la réception des bouquets de chaînes de télévision. Dans Séoul, tous les gardiens de parking et tous les vendeurs ambulants sont équipés de ce genre de téléphone, et passent leur temps à regarder cette minitélé qui tient dans la poche, une fois l'antenne repliée. Cet attribut est le seul élément qui permet de différencier ce type de téléphone d'un portable classique.
Au détour d'une rue, il n'est pas rare de croiser un cadre en costume trois-pièces, tenant son portable à l'horizontale, et marchant sans regarder devant lui, tout affairé à visionner son émission préférée. A Séoul, gare aux collisions de piétons ! Partout, les Coréens pianotent fébrilement, chattent en vidéo ou visionnent à bout de bras leur écran pour zapper parmi les trois bouquets disponibles. Ces derniers rassemblent une quarantaine de chaînes vidéos ou audio. Il n'y a visiblement pas de problème de réception, une fois la chaîne captée. En moyenne, ces nouveaux "mobispectateurs" passent chaque jour une heure et demi devant leur miniposte.
SPORT ET SÉRIES Que peut-on regarder sur ces écrans timbres-poste ? En Corée du Sud, les offres des deux principaux acteurs du marché proposent quelques programmes courts spécifiques à ce nouveau média, mais dans leur grande majorité, ce sont les émissions et séries du "petit" écran que l'on retrouve sur ce "tout petit" écran. En tête de consultation, les classiques séries télévisées, mais aussi et surtout les retransmissions sportives.
C'est en octobre 2004 que la Corée du Sud s'est lancée dans cette aventure nomade : déployer un standard de diffusion de masse de télévision sur téléphone mobile ("broadcast"). La quasi-totalité (97 %) du territoire est aujourd'hui couverte. En moins de trois ans, ces services ont séduit plus de 8,26 millions de Coréens.
La Corée du Sud est un cas à part dans l'univers des télécommunications et des nouvelles technologies. Sur une population de 48,5 millions d'habitants, près de 88 % (42,5 millions) possèdent un téléphone portable, et 75,5 % (34,5 millions) sont connectés à Internet, dont 14,5 millions en très haut débit par fibre optique. Le "pays du très haut débit" aligne ainsi de nombreux records en la matière. Les tarifs d'abonnement, très abordables, contribuent au succès des services proposés : il faut compter 35 000 wons (environ 25 euros) pour un abonnement mensuel à Internet haut et très haut débit, 13 000 wons (10 euros) par mois pour un abonnement classique de téléphonie mobile auquel il faut ajouter 13 000 wons (10 euros) par mois pour une souscription aux services de TV sur mobile par satellite. Pour les bouquets de chaînes terrestres, c'est gratuit.
Mais les tarifs ne font pas tout. Les contenus, la facilité d'accès aux réseaux et l'existence d'une offre concurrentielle dans les terminaux sont déterminants. Dans cette conjonction d'effets porteurs, les deux plus puissants des "chaebols" - sortes de conglomérats industriels nationaux - jouent un rôle primordial. SKT, qui détient à lui seul la moitié du marché des services sur mobiles, et Samsung, l'un des principaux constructeurs de téléphones portables dans le monde, développent de concert applications et produits destinés à tous les marchés de ce nouvel eldorado.
Olivier Dumons Article paru dans l'édition du 11.11.07

Bienvenue au Pays du Matin calme !

L'Afrique et la Corée du Sud ont des similitudes historiques et sociales. La Corée peut être une source d'inspiration pour les pays africains. Se développer en s'adossant sur ses valeurs culturelles, tel est le pari réussi par le "Pays du matin calme."