mercredi 21 novembre 2007

CINEMA

"Souffle", de Kim Ki-duk : thérapie ou illusion ?
En filmant une histoire d'amour impossible entre une femme trompée et un condamné à mort, le réalisateur coréen Kim Ki-duk évoque le cycle des saisons nécessaire au renouveau. Son film sort sur les écrans français le 21 novembre.
Une femme découvre que son mari la trompe. Le journal télévisé qu'elle regarde au même moment évoque le triste sort d'un condamné à mort qui, après une tentative de suicide, a perdu l'usage de la parole. Comme poussée par une force mystérieuse, elle lui rend visite à la prison. "La haine est un souffle d'inspiration, le pardon un souffle d'expiration", déclare le réalisateur Kim Ki-duk, qui a semble-t-il voulu consacrer son dernier film, intitulé Souffle, à la question de l'harmonie de l'Univers. L'héroïne apporte avec elle le passage des saisons et offre à l'homme incarcéré une vie riche d'une myriade de couleurs. De son côté, il lui communique une soif de mort qui la fascine et l'effraie à la fois. Un désir fiévreux naît simultanément dans le cœur exsangue de la femme et dans l'existence emmurée de l'homme. Elle ne parle pas, mais chante ; il lui répond par gestes. Le langage de la réalité est absent, le temps a disparu. Leur univers est clos, magique. La trame se résume donc à l'histoire d'un amour impossible entre un condamné à mort et une femme mariée dont la caméra suit l'itinéraire fait de souffrance. La femme se meut d'abord dans la réalité, se rend à la maison d'arrêt, puis revient à la réalité. L'épisode de la prison est comme une échappée momentanée de son quotidien, une sorte de rêverie enchâssée dans un cycle. La structure de Souffle est circulaire, le film finissant là où il a commencé. C'est en hiver que la femme se rend à la prison. Derrière les murailles, elle recrée le printemps, l'été et l'automne. L'hiver revient quand elle s'apprête à regagner le monde extérieur. En temps réel, il s'agit en fait d'un seul et même hiver, mais de deux saisons différentes dans l'univers imaginé. Au cours de ce deuxième hiver, elle fait l'amour avec le détenu avant de quitter la prison. Quand enfin elle s'en va, sa propre colère l'a quittée. Dehors il neige. Dans la voiture qui la ramène chez elle en compagnie de son mari et de son enfant, elle chante, et les blessures du passé ne sont plus que des souvenirs. L'hiver lui devient beaucoup plus supportable. C'est précisément ce point que Souffle veut atteindre, le moment où la douleur du passé est apaisée par la neige. Le condamné à mort et ce qui est arrivé dans la prison ne sont plus qu'un fantasme. Kim Ki-duk décrit une dérive qui, quoique presque funeste, aboutit en fin de compte à un renouveau, à un retour. D'aucuns résumeront peut-être succinctement le récit de la manière suivante : il s'agit du dérapage d'une femme de la classe moyenne et de son retour à sa famille. On pense à Time et à Locataires les deux longs métrages précédents de l'auteur, mais quelque chose a basculé dans l'univers du cinéaste. Là où il y avait précédemment un matérialisme extrême (Time) ou une imagination poétique (Locataires), l'on trouve désormais l'affirmation de l'urgence de la réconciliation. Le réalisateur tient dans le film le rôle d'un gardien de prison qui observe les deux personnages en cachette, incarnant ainsi lui-même le voyeur, thème présent dans tous ses films. Son visage se reflète sur l'écran de surveillance. Il appartient à cet espace de thérapie au même titre que ses personnages. Souffle semble exprimer l'apaisement intérieur d'un créateur qui sort d'une succession de scandales provoqués par ses précédents films. Mais le deuxième hiver est-il réellement meilleur que le premier ? La femme veut espérer que cette échappée est porteuse de guérison, croire à ce qui n'est peut-être qu'une illusion, la sienne, celle de l'artiste ou la nôtre.
Nam Ta-un Cine 21

Bienvenue au Pays du Matin calme !

L'Afrique et la Corée du Sud ont des similitudes historiques et sociales. La Corée peut être une source d'inspiration pour les pays africains. Se développer en s'adossant sur ses valeurs culturelles, tel est le pari réussi par le "Pays du matin calme."