jeudi 22 novembre 2007

LE DRAGON DU NET

La Corée du Sud, vitrine des nouvelles technologies
LEMONDE.FR 20.11.07 15h00 • Mis à jour le 21.11.07 15h59
Séoul, envoyé spécial
La Corée du Sud (48,5 millions d'habitants) est le "pays du très haut débit". Elle occupe depuis trois ans le troisième rang mondial en termes d'utilisation des technologies de l'information (nombre d'abonnés à Internet à haut débit, à la télévision par câble, à la téléphonie mobile), derrière la Suède et les Etats-Unis. Quelque 42,5 millions de Coréens sont détenteurs d'un abonnement et d'un téléphone portable, 34,43 millions sont connectés à Internet, dont 14,53 millions en très haut débit par fibre optique. Le maillage réseau couvre 98 % du territoire et place la Corée largement en tête des pays les plus connectés du monde.
C'est en 1998, alors que le pays n'était classé qu'au 22e rang mondial de l'indice d'accès au numérique (indice DOI de l'Union internationale des télécommunications), et deux ans après une crise économique sans précédent, que le gouvernement prend le tournant des technologies de l'information et décide d'un plan d'investissements records dans les réseaux très hauts débits. Principale réussite : la télévision sur téléphone mobile, lancée en 2005, séduit aujourd'hui plus de 8,26 millions de Coréens qui regardent régulièrement (une heure et demi par jour en moyenne) les programmes de télévision sur DMB (Digital Media Broadcasting). Il y a plus d'un an, le Wibro (Wireless Broadband), technologie de transmission à très haut débit sans fil, a été mis en place à Séoul et à Bundang. Son développement est attentivement observé par de nombreux pays qui attendent beaucoup de cette technologie ou de ses dérivés (en France, les bandes de fréquence Wimax, équivalent européen du Wibro ont déjà été distribuées, mais les expérimentations sont toujours en cours).
TROISIÈME RANG MONDIAL EN MATIÈRE DE DÉPÔTS DE BREVETS
L'apport de l'Etat dans les activités de R&D pour 2007 a été fixé à 9 500 milliards de wons (7,7 milliards d'euros), en hausse de 6,5 % par rapport à 2006. A la clé, une augmentation significative du nombre de brevets déposés : selon l'Organisation mondiale de la propriété intellectuelle, le pays se classe dorénavant en troisième position en matière de dépôts de brevets, derrière les Etats-Unis et le Japon. Ces brevets concernent majoritairement les domaines des semi-conducteurs et les technologies des télécommunications. Et l'augmentation est sensible depuis 1997, de l'ordre de 54 % en termes de brevets généraux et de 94 % pour les brevets scientifiques.
Les grandes marques sud-coréennes – appartenant à ces immenses conglomérats industriels familiaux que sont les "chaebols" – sont au cœur de ces avancées technologiques. Les deux principaux en sont SK Télécom, l'opérateur télécoms dominant du pays (environ 54% du marché des téléphones mobiles) et Samsung ("trois étoiles" en coréen, maison fondée en 1938, possédant des filiales dans une soixantaine de pays, employant près de 140 000 personnes et réalisant 8,5 milliards de dollars de revenus nets en 2006). Vient ensuite LG ("Lucky Goldstar", à la fois opérateur télécoms et constructeur high-tech) qui joue les outsiders dans un marché archi-dominé par ses deux aînés. Outre leur dynamisme économique, la croissance de ces entreprises est portée par leurs méthodes de management, méthodes marquées par un fort paternalisme, mais aussi par le mode de pensée confucéen qui prône le non enrichissement personnel et bannit l'individualisme. Ces deux facteurs conjugués ont poussé depuis l'après-guerre les dernières générations de salariés à se dévouer corps et âmes à leur travail.
Alors que ces même grandes marques gravissent les échelons de la renommée mondiale, à l'image de Samsung qui se situe selon Interbrand au 21e rang mondial en terme de reconnaissance de marque, les investissements étrangers chutent dangereusement : l'UNCTAD (United Nations Conference on Trade and Development) vient ainsi de classer la Corée du Sud au 48e rang des pays attirants les investisseurs étrangers, alors qu'elle était encore 29e en 2002. L'absence de déréglementations et la complexité des procédures sont vraisemblablement le frein essentiel à l'arrivée de cette manne étrangère. Mais ce que le pays vise est ailleurs : devenir une vitrine en matière de nouvelles technologies dans les communications et l'information. Un modèle qu'il entend bien exporter. Olivier Dumons

Google investit en Corée
Google a ouvert à l'été 2007 son moteur de recherches en Corée (Google-Korea) et a lancé un plan d'investissements de 10 millions de dollars sur deux ans dans le pays. A la clé, l'ouverture d'un centre de recherches et de développements à Séoul, avec le recrutement de 150 employés. Le groupe s'est aussi associé avec Samsung pour intégrer directement dans les téléphones portables de la marque les applications phares de Google (notamment le moteur de recherche et les mails).

Bienvenue au Pays du Matin calme !

L'Afrique et la Corée du Sud ont des similitudes historiques et sociales. La Corée peut être une source d'inspiration pour les pays africains. Se développer en s'adossant sur ses valeurs culturelles, tel est le pari réussi par le "Pays du matin calme."